Pourquoi notre merveilleux nous fait peur, et pourquoi c’est encore plus vrai pour les femmes
Nous avons appris à rendre invisibles nos talents, à banaliser ce qui fait notre force. Non pas parce que cela manque de valeur, mais parce que reconnaître sa propre puissance, quand on est une femme, crée une dissonance que l’on a intégré très tôt.
Nous avons internalisé l’idée que nous valions moins aux yeux de la société — et qu’être puissante n’était ni souhaitable, ni envisageable.
La femme a longtemps été (est c’est encore souvent le cas) traitée comme une citoyenne de seconde classe. Elle ne pouvait s’exprimer librement, travailler sans l’accord d’un père ou un mari, utiliser son propre argent à sa guise, voter… Etudier lui a longtemps été refusé et certains métiers lui résistent encore (plafond de verre).
Embrasser sa pleine valeur, lorsque la société nous fait comprendre à quel point nous sommes inférieures (moins payées, peu ou pas étudiées dans les recherches scientifiques ou médicales) crée une sorte de dissonance intérieur - on a pas le droit au même régime - à l’idée de se montrer puissante?.
Que ce soit la privation ou la restriction de droits, de libertés, d’autonomie, ou la minimisation - voire l’usurpation - de leurs contributions, tout a été fait pour que les femmes internalisent cette règle du jeu pour survivre.
Alors comment embrasser sa puissance quand on a appris à la contenir pour survivre ?
On a été conditionnées et on a internalisé ce conditionnement
On a été conditionnées mais pour s’en affranchir, encore faut-il parvenir à le voir. Comprendre que les jugements que nous portons sur nous-mêmes ne sont souvent pas les nôtres, mais l’écho d’un conditionnement ancien, créeant une fissure béante dans notre paradigme intérieur.
Et pourtant, génétiquement, intellectuellement, émotionnellement, spirituellement, rien ne distingue fondamentalement les femmes des hommes en termes de potentiel. Ce qui diffère, c’est la singularité de nos potentiels, pas leur valeur.
Apprendre à ressentir son merveilleux
Les moments de grâce nous les connaissons. Ce sont ces endroits où ce que nous faisons a un impact. Sauf que, par injonction de pudeur, on se retient la plupart du temps de les observer ou en tout cas à s’y attarder.
Pourtant, cette main douce posée sur l’enfant pour l’aider à se reconnecter à lui alors qu’il était sur le point d’exploser a sauvé la bonne humeur de la maisonnée. Notre pouvoir d’anticipation nous a permis d’acheter les goûters d’avance qui vont miraculeusement servir pour la sortie impromptue. Notre organisation méticuleuse qui permet à chaque membre de la famille d’avoir les suivis médicaux approprié passe inaperçue parce que « ça roule » et pourtant c’est magique. En entreprise, notre capacité à entendre ce qui n’est pas dit fluidifie les relations, quand ce n’est pas notre intuition fine qui permet de tirer vers le haut toute l’équipe et de lui éviter l’éccueil. On joue collectif et cela non plus on ne s’en vante pas.
Nous sommes souvent l’huile dans les rouages.
Et tant que la machine fonctionne, personne ne remarque ce qui rend cela possible. Sauf que, sans nous, la mécanique se grippe.
Oser reconnaître ses talents
À force d’internaliser l’idée que démontrer notre puissance serait malvenu, nous avons appris à minimiser ce que nous faisons bien. À attribuer ou laisser attribuer nos talents à d’autres. À dire :
« Ce n’est rien. »
« Ce n’est pas moi, c’est toute l’équipe! »
Plus on se retient, plus on s’invalide et plus la dissonance augmente.
Alors, quand vient le moment de rassembler nos compétences parce que l’on voudrait que cela change, parce que l’on aspire à une nouvelle carrière, qu’on souhaite vivre notre élan, tout semble bancal. Nos talents se sont dilués dans une apparente humilité qui n’est qu’une forme de violence intériorisée.
Changer de lunettes
Nous avons toutes quelqu’un que nous admirons.
Quand on pose nos yeux sur lui, on ne le voit pas tel qu’il est, ni au travers de ce qui lui fait défaut. On le voit au travers du prisme de notre admiration. Au travers des lunettes roses du merveilleux. Et on se nourrit avidement de toutes les pépites que l’on (re)découvre, tellement cela fait du bien de sentir la puissance de l’autre, son merveilleux.
Et si nous faisions la même chose pour nous-mêmes ?
Et si nous partions à la découverte de notre propre merveilleux avec la curiosité d’un enfant explorateur, sans jugement, sans hiérarchie, sans comparaison ?
Redevenir curieuse-curieux de soi
Changer de regard commence par un changement d’état d’esprit. L’enfant curieux n’évalue pas. Il explore. Il suit ce qui le touche, ce qui l’anime, ce qui fait vibrer quelque chose en lui.
Et si tu t’autorisais, toi aussi, cette exploration? Sans objectif. Sans obligation. Juste pour voir.
Nos moments de grâce
Arrêtons de banaliser l’extraordinaire.
Déployer sa puissance commence par reconnaître les endroits où elle s’exprime déjà.
Ces moments, d’abord discrets, deviennent visibles à force d’attention. Puis répétitifs. Puis cohérents. Puis significatifs.
Ils dessinent une trame. Un fil conducteur. Une zone d’excellence.
L’endroit précis où ta singularité sert le collectif et crée une onde de bien-être autour de toi.
Accepter l’idée d’être puissante
C’est sans doute l’étape la plus difficile. Parce qu’elle implique de déconstruire des années d’injonctions et de croyances intégrées.
Il suffit parfois de se poser une seule question : Qui pense que je ne suis pas capable ? Pas légitime?
Et de réaliser que, bien souvent, la réponse est : moi.
Alors ai-je le droit d’être puissante?
C’est même plus simple que cela. A partir de maintenant, si tu regarde le monde - c’est à dire autant toi que les autres - en présumant de la puissance de chacun, tu vas voir le monde différemment. Chacun est puissant à sa mesure, hommes comme femmes. Et chacun a vraiment sa raison d’être, sa pierre à porter à l’édifice du collectif.
Et je parle de la vrai puissance, pas du désir de domination sur l’autre. Celle qui fait que tu brilles comme un phare dans la nuit, quand tu exerces ce en quoi tu excelles.
Pars à l’aventure. Seul. Comme un éclaireur. Accompagné. Par moi si tu veux. Mais mets toi en route.
Il est grand temps que tu puisses mettre des mots sur ce qui te rend si lumineuse.